Elle a affronté la vie les mains vides, mais avec une volonté de gagnante.
Partie en Côte d’Ivoire avec ses parents autour des années 1980, le rêve migratoire n’a pas pu être réalisé. Le séjour ivoirien sera interrompu pour retourner au bercail avec son mari afin de mieux gagner sa vie.
Très vite, elle apprend à faire de petits métiers : d’abord en ramassant du gravier qu’elle revend et en proposant ses services comme livreuse d’eau sur les chantiers de construction à Ouagadougou. Ensuite, en transformant les produits locaux, dont le beurre de karité en savon. Puis, elle entreprend la création d’une association (Association Bao Beog Neere) dont elle est la présidente. À partir de ce regroupement féminin, elle créée un collectif d’associations qu’elle pilote des années durant. Du milieu urbain, elle décide de s’installer en milieu rural avec et toujours au profit des femmes. On note au passage que grâce aux initiatives prises pour améliorer sa propre vie, elle a longtemps été sollicitée par des autorités locales et autres associations pour mettre en valeur ses compétences et renforcer les capacités de plusieurs groupes de femmes.
L’ensemble de ces activités lui a permis de se frayer un chemin dans son environnement pour être leader d’associations de femmes. Mieux, elle a initié plusieurs activités rémunératrices de revenus au profit des femmes pour les aider à s’autonomiser. Elle a aussi entrepris des campagnes de sensibilisation à l’endroit des hommes pour les convaincre d’accompagner leurs épouses dans leurs activités d’autonomisation économique.
La somme de son savoir-faire et de son savoir-être lui ont permis de construire sa vie ainsi que celles de ses consœurs à Ouagadougou et renforcer son expérience en matière d’autonomisation des femmes. Bien plus, elle a ainsi acquis une riche connaissance des rapports de genre en milieu rural mossi, dans les zones non-loties de Ouagadougou et dans le secteur informel de l’économie dans lequel elle exerce ses activités et dont elle est une actrice majeure au plan international.
C’est donc pour l’ensemble de ces connaissances, compétences et expériences, durement acquises durant une trentaine d’années, que Mme Pauline Birba a été reçue en salle à l’ISSP, le 04 avril 2025. Elle a ainsi pu discuter avec les étudiant·e·s de Master 1 en démographie de la répartition des rôles et tâches entre les femmes et les hommes dans les sociétés burkinabè, aussi bien dans l’accomplissement des tâches domestiques que dans la prise en charge financière des besoins des membres du ménage.
L’initiative est venue de leur enseignante Dr Madeleine Wayack-Pambè, par ailleurs directrice adjointe de l’ISSP, laquelle a voulu allier théorie et pratique dans le cadre de son cours « Genre et développement » qu’elle dispense à ces étudiant·e·s.
À bâton rompu donc, l’invitée du jour a livré à ses interlocuteurs des informations et secrets insoupçonnés sur la vie des femmes dans les milieux de vie qui sont les siens. Au grand bonheur des étudiant·e·s qui, au regard de la série des questions posées, semblent avoir tirer le meilleur parti de cette séance de partage d’expériences.